La mémoire de l’autre est une texture à questionner mon identité, je m’y reconnais comme sujet. Les images de La Conserverie, un lieu d’archives m’ont offert l’heureux prétexte de spacialiser une constellation de mes souvenirs.
« Kathedra », la chaise. J’ai découpé la photo de famille et plié. C’est un événement fait de temps et de gestes, une intervention sur l’image de quelqu’un d’autre. Par le geste de pli, j’entre dans des dimensions de l’image qui ne m’étaient pas autorisés depuis le seul regard.
Le temps de ce geste révèle un souvenir, le mien. « Kathedra » devient l’objet qui l’atteste – mon souvenir en pli, une réalité nouvelle.
Le temps du dessin est un temps en mouvement, il s’articule au présent pour restituer l’expérience du souvenir de la promenade passée dont la forme future est projetée. Le geste dessiné est lent, il s’agit d’éprouver ce temps du présent, de digérer à mesure le cheminement sur l’espace de la page. Le corps entier dessine. Jardin de mémoire expérimente le souvenir de ce qui ne sera pas souvenu et lui donne forme avant qu’il ne disparaisse.
Ce jour là, le vent. Un courant d’air et l’image se décroche, elle est au sol, je la laisse là, je la croise par terre et parfois la tripote. Au mur, elle était une force poétique, esthétique, une trace du dire de La Conserverie. Au sol elle est une photo d’une autre famille, un rien papier qui s’abîme dans ma négligence. Plus tard, quelqu’un a du la ramasser, elle est sur ma table, cornée.
j’essaie de m’ennuyer le plus possible il adviendra bien quelque chose des gestes sans lendemain les parfaire partir du genouX et s’arrêter au ni plus ni moins d’une chevelure
elle ne dort que d’une hanche dans le temps que ses gestes n’attendent pas – j’étouffais comme tu n’as pas dit elle dit je serai ivre avant tout le monde promis en public les secrets sont mieux gardés