souvenirs,

cartographie de la mésaventure opératoire : mémoire en pli,
projet réalisé grâce au patrimoine visuel de La Conserverie, un lieu d’archives

La mémoire de l’autre est une texture à questionner mon identité, je m’y reconnais comme sujet.
Les images de La Conserverie, un lieu d’archives m’ont offert l’heureux prétexte de spacialiser une constellation de mes souvenirs.

mémoire en pli, constellation du souvenir
dépli du pli, datation du mien souvenir

événement,

cartographie de la mésaventure opératoire : mémoire en pli,
projet réalisé grâce au patrimoine visuel de La Conserverie, un lieu d’archives

« Kathedra », la chaise. J’ai découpé la photo de famille et plié. C’est un événement fait de temps et de gestes, une intervention sur l’image de quelqu’un d’autre. Par le geste de pli, j’entre dans des dimensions de l’image qui ne m’étaient pas autorisés depuis le seul regard.

Le temps de ce geste révèle un souvenir, le mien.
« Kathedra » devient l’objet qui l’atteste – mon souvenir en pli, une réalité nouvelle.

« Kathedra », ombre portée de mon souvenir en pli dans l’image de l’autre

jardin de mémoire,

Le temps du dessin est un temps en mouvement, il s’articule au présent pour restituer l’expérience du souvenir de la promenade passée dont la forme future est projetée. Le geste dessiné est lent, il s’agit d’éprouver ce temps du présent, de digérer à mesure le cheminement sur l’espace de la page. Le corps entier dessine. Jardin de mémoire expérimente le souvenir de ce qui ne sera pas souvenu et lui donne forme avant qu’il ne disparaisse.

jardin de mémoire, part I, 2020
70×100, encre et graphite sur papier

vernaculaire,

cartographie de la mésaventure opératoire : mémoire en pli,
projet réalisé grâce au patrimoine visuel de La Conserverie, un lieu d’archives

Ce jour là, le vent. Un courant d’air et l’image se décroche, elle est au sol, je la laisse là, je la croise par terre et parfois la tripote. Au mur, elle était une force poétique, esthétique, une trace du dire de La Conserverie. Au sol elle est une photo d’une autre famille, un rien papier qui s’abîme dans ma négligence. Plus tard, quelqu’un a du la ramasser, elle est sur ma table, cornée.

dépli du pli, image 11F-D0784HD ©Laconserverie ©Madame Pemerle

C’est une photo de famille ©Madame Pemerle, trace d’un souvenir réel; c’est une édition de La Conserverie, image d’un dire développé et exposé. Posée sur ma table, vernaculaire par deux fois, elle me devient matériaux. Par le geste du pli, du dépli, du repli, j’accède à la mémoire de mon souvenir conservé là, dans l’image de l’autre.

pause faible,

extrait du carnet : les dires insouvenus

21VIII19

toutes ces fois ou virgule ne veut rien dire 

transitoires géographies        traverses

je n’ai rien contre les passages juste c’est long

quand enjamber n’est pas possible il faut bien cheminer       un PAS ne s’économise pas

additionner les piétinements       les miens sont parmi d’autres on ne les reconnaîtra plus       ce n’est pas un dommage 

le territoire sait tout de tes absences il se nourrit de tes épargnes       et puis le ciel sait bien qu’il est plus que ce rectangle bleu en haut

le nourrir

extrait du carnet : les dires insouvenus

23VII19

séjourner un temps dans un quotidien qui a lieu aussi quand on n’est pas là             lieu X       

X lieu

des gens sont venus viennent viendront        le relais sera pris enregistrement        oeil interchangeable        poste tenu

un lieu X ne reste jamais seul        X donne à ressentir qu’il est X        tout est dû à X même le jour        on s’y relaiera        pluriel 

se trouver en dette n’est pas souhaitable 

X est cruel    d’instinct

inscrire la date au bas de la colonne débit

extrait du carnet : les dires insouvenus

17VII19

j’essaie de m’ennuyer le plus possible        il adviendra bien quelque chose des gestes sans lendemain        les parfaire        partir du genouX et s’arrêter au ni plus ni moins d’une chevelure

elle ne dort que d’une hanche dans le temps que ses gestes n’attendent pas        – j’étouffais comme tu n’as pas dit        elle dit        je serai ivre avant tout le monde promis        en public les secrets sont mieux gardés

– et puis,

Le réel est aussi parfois un quelque chose de très petit, un « – et puis, » de la plus haute insignifiante. Il s’agit d’une collecte de minuscules sensations, que l’on archive dans un quelque part trop brouillon pour leur petitesse et qui ressurgit plus tard sans pouvoir être reconnu.